Écosystèmes de Doñana

Écosystème fluvial (‘el Bajo Guadalquivir’)

La dernière section du fleuve, le Bas Guadalquivir (‘Tramo Bajo’) commence à partir d’Alcalá del Río, localité située à proximité de Séville, et se caractérise par une importante turbidité dûe aux sédiments, une faible disponibilité d’oxygène et une progressive augmentation de la salinité.

Écosystème fluvial: le Guadalquivir

‘Brazos’ : les trois bras deltaïques du fleuve. Brazo de Enmedio, seul chenal actif et plus simplement nommé Guadalquivir ; Brazo de la Torre, chenal occidental, isolé et ‘raccordé’ au Río Guadiamar ; Brazo del Este, méandre isolé dans la zone de polders.

‘Vueltas’ : méandres du fleuve et des principaux affluents (La Madre, Guadiamar).

‘Cortas’ : huit canaux construits entre 1795 et 1982 coupant les méandres afin de faciliter la navégation, diminuer les inondations de Séville et favoriser les terres arables.

Espèces typiques: principalement les poissons d’estuaires (aloses, nombreuses espèces marines) et grands migrateurs (esturgeons, anguilles) et leurs prédateurs, Balbuzards, martins pêcheurs et ardéidés piscivores ; loutres. Berges couvertes de peupliers blancs et d’eucaliptus.

Marais du Bas Guadalquivir (‘Las marismas’)

Les marais du Bas Guadalquivir s’étendent sur une immense surface plane, vestige du grand lac littoral connu à l’Antiquité et depuis lors colmaté. Le substrat argileux diminue les infiltations et favorise l’inondation de cette plaine, où les nombreux microreliefs acquierent un grand protagonisme et déterminent la profondeur et la durée de l’inondation. L’hydrologie, complexe par nature, a été immensément modifié par l’action humaine. Aujourd’hui, les marais sont surtout alimentés par les eaux pluviales et les apports ponctuels du bassin versant lors des fortes pluies hivernales. Ces conditions sont excessivement variables expliquant la rareté des « bonnes années ».

Marais ('marismas')
Marais ('marismas')

Vasières

‘Marismas’ : zones marécageuses des estuaires littoraux, le plus souvent des marais salants, incluyant également les marais d’eau douce connectés en amont. L’inondation étant temporaire et dépendante du relief, on distingue des végétations propres.

‘Marisma alta’ (marais ‘hauts’): marais salants, sansouires et herbus.

‘Marisma baja’ (marais ‘bas’): marais d’eau douce, marais noirs.

‘Vetas’ / ‘Paciles’ : élévations non inondables au milieu des marais, refuges pour la faune et siège de constructions humaines.

‘Lucíos’ : dépressions qui conservent une période d’inondation prolongée, parfois de plusieurs saisons.

‘Caños’ : principaux chenaux parcourant las marismas.

Espèces typiques: principalement toute l’avifaune aquatique qui fait la renommée de Doñana: canards, oies, grèbes, spatules, cigognes, hérons, ibis, limicoles, rallidés, marouettes, passereaux peuplent les zones humides, … et également des oiseaux steppiques qui fréquentent les marais salants secs: alouettes, gangas… Production massive de libélules migratrices: Sympetrum fonscolombii, Aeshna mixta, Anax ephippiger et le rare Lestes macrostigma, espèce à très forte fluctuation populationnelle.

Les marais transformés

Les transformations à grande échelle et planifiées de Doñana débutent principalement au XIXème siècle et culminent après la seconde guerre mondiale. Historiquement, la destruction de las Marismas de Doñana impulsa également le mouvement protectioniste et la déclaration du parc national.

El Rocío. Marismas de La Madre

Salines. Salinas de Bonanza (Sanlúcar de Barrameda)

Piscicultures. Veta La Palma (non visitable)

Rizières. Isla Mayor.

Polders. Los Palacios.

Espèces typiques: faune et flores très appauvris, encore que l’avifaune puisse y être abondante dans certaines conditions. Ces milieux possèdent leur importance pendant la saison estivale, lors de l’estiage des marais, offrant souvant les uniques refuges disponibles pour les oiseaux d’eau. Notons l’introduction à Isla Mayor, dans les années 70, d’écrevisses américaines (Procambarus clarkii) qui ont proliféré et malheureusement envahi tout le bassin versant du Guadalquivir. Cette introduction a favorisé une industrie locale et un boom des populations d’oiseaux capables de s’alimenter du crustacé (ardéidés, ibis, etc.). Ces aspects positifs ne doivent pas cacher un impact négatif fort et irréversible sur la biodiversité aquatique.

Lagunes et mares

Masses d’eau de faible profondeur indépendantes des phases d’inondation de las Marismas de Doñana. Il s’agit principalement de mares et de lagunes endhorréiques formées sur les terrains sablonneux del Abalario et autres zones périphériques du parc. Une des plus grandes densités de mares répertoriées. Peu de marais salants, mais une ceinture périphérique d’hélophytes.

Lagunes et mares temporaires

Mares temporaires méditerranéennes : de faibles dimension (<< 4ha).

Lagunes : masses d’eau plus grandes et profondes dont l’hydropériode est prolongée.

Lagunes permanentes : souvent d’anciennes gravières réhabilitées ou des mini-réservoirs.

Zacayones. mares-abreuvoirs artificielles avec une certaine profondeur et une période d’inondation prolongée.

Espèces typiques: de nouveau, l’avifaune des zones humides. Les masses d’eau permanentes sont d’autant plus favorables aux populations résidentes de canards plongeurs et de foulques et accueillent des populations introduites de poissons et d’écrevisses américaines. Ces prédateurs disparaîssent des mares temporaires méditerranéenes qui abritent un cortège d’espèces spécifiques et menacées: grands branchiopodes (par ex. Triops) et amphibiens. Grande abondance d’amphibiens, crapauds calamite, etc. Diversité de libélules spécifiques des milieux lotiques. Forte production primaire de micro-organismes et abondances massives de coléoptères et hétéroptères aquatiques dans certaines lagunes. Campagnols d’eau et leurs prédateurs. Importante diversité de plantes hélophytes (de bord d’eau) et aquatiques.

Littoral: plages et dunes

El Rocío. Marismas de La Madre

Plages.

Dunes vives.

Corrales.

Dunes fossiles.

La Vera: entre ‘marismas’ et ‘cotos’

La Vera est la zone de contact entre la grande barre dunaire del Puntal (substrat sablonneux) et les marais de la Réserve Biologique de Doñana (substrat argileux). Cette exigüe frontière constitue en soi un écosystème à part et longe le ‘Caño de la Madre de las Marismas’ sur sa rive Ouest.

La Vera. El Rocío. Marismas de La Madre.

La Vera est une savane de faible extension alimentée en eau douce filtrée par les dunes ; un ruban de prairies humides assidûment pacagées par les herbivores (mammifères sauvages et féraux) où quelques vieux chênes lièges témoignent de l’extension primitive de la suberaie tout en abritant la célèbre Pajarera de Doñana.

… Tellement attrayante et malheureusement non accessible aux visiteurs, seulement visible depuis le tour en 4×4 del Puntal. Par chance, les superbes marais de La Madre, facilement visibles depuis El Rocío, en sont le véritable point de départ… L’hermitage ne fut pas érigé ici par hasard. Quant au circuit de La Rocina, il traverse la forêt de chênes lièges originelle.

Espèces typiques: écosystème où se concentrent les grands herbivores (cerfs, daims, sangliers), lapins de garenne, campagnols d’eau et leurs prédateurs, des mammifères carnivores (lynx, renards, etc.) et des rapaces (milans noirs). La Pajarera accueille une colonie d’oiseaux coloniaux  (aigrettes, hérons, garde-boeufs, spatules) dont les effectifs sont en très forte baisse. Crapauds calamites, pélobates sombres.

MAtorrales: landes, maquis et garrigues

Écosystème terrestre dominé par les arbustes. Néanmois, les termes populaires sont ambigüs : le ‘monte mediterranéo’, la forêt méditerranéenne, est une mosaïque de matorral, prairies et arbres en densité très variable.

El Rocío. Marismas de La Madre

Monte blanco : la lande / la garrigue ‘blanche’ se développe sur les terrains sablonneux et particulièrement arides. L’espèce la plus caractéristique étant le Ciste à feuille d’arroche (Halimium halimifolium), au feuillage grisacé et spectaculaire floraison jaune, accompagnée par l’ajonc faux-genêt (Stauracanthus genistoides), le ciste jaune (Halimium commutatum), le romarin (Rosmarinus officinalis) et par d’autres arbustes moins communs comme des cistes (Cistus salvifolius, C. libanotis), lavandes (Lavandula stoechas) et thyms (Thymus mastichina).

Monte negro : la lande / le maquis ‘noir’, un matorral dense aux couleurs sombres qui colonise des sols humides même pendant l’été. Y dominent la bruyère à balais (Erica scoparia) et l’ajonc de provence (Ulex parviflorus = Ulex australis) d’autres bruyères (E. umbellata, E. ciliaris) accompagnées de callunes (Calluna vulgaris), mirtes (Mirtus communis), filaires (Phillyrea angustifolia), ronces (Rubus ulmifolius), et ajoncs (Ulex minor, U. australis).

Sabinar : stade final de la lande blanche. Matorrals de Genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicia turbinata) – distribution arrière dunaire – et de Genévrier oxycèdre à gros fruits (Juniperus oxycedrus ssp. macrocarpa) – en front de mer -.

Espèces typiques: de très nombreuses espèces vertébrés, oiseaux, mammifères et reptiles. Domaine traditionnel du Lunx ibérique et de l’Aigle impérial. Papillons, orthoptères. Parmi les papillons de jour, les espèces les plus abondantes sont Pieris rapae, Leptotes pirithous, Lycaena phlaeas, Colias crocea, Pyronia cecilia. Notons Plebejus argus, espèce myrmécophile.

Forêts

Localement désignées par le nom de ‘Coto’,  littéralement un domaines de chasse (Coto de Doña Ana, Coto del Rey, etc.) ; qui rapelle l’importance de l’activité cynégétique dans ces territoires, traditionellement non exploités par l’agriculture.

El Rocío. Marismas de La Madre

Pinèdes : de larges plantations de Pins parasols (Pinus pinea) plus ou moins anciennes et naturalisées, souvent très homogènes et denses (fermées), favorisant peu la biodiversité.

Oléastraies : forêt originelle d’oliviers sauvages (Olea europaea sylvestris), de distribution marginale.

Sotos : forêts galleries riveraines distribuées le long des cours d’eau. En particulier, les sotos de La Rocina sont dominés par les frênes du Midi (Fraxinus angustifolia) et les saules marsaults (Salix atrocinerea).