Les oiseaux des marais en Andalousie
S’il y a un groupe animal qui offre le plus grand plaisir aux observateurs de nature, tant à l’amateur qu’au néophyte, c’est bien le spectacle des oiseaux inféodés aux zones humides.
Une quirielle d’espèces cohabitent et s’alimentent frénétiquement sur les plans d’eau et dans les marais ; ou tout au contraire, trouvent refuge et se reposent dans la plus grande tranquilité en attendant de reprendre leurs migrations. Tout un spectacle et une leçon de vie.
Zones humides d’intérêt international
L’Inventaire des zones humides d’Andalousie (IHA) compte 244 espaces naturels protégés, principalement localisés sur le littoral occidental de la région. Les 7 zones humides les plus importantes abritent 90% des effectifs d’oiseaux des marais.
Comme nous l’avons déjà évoqué, Doñana est la zone humide la plus prestigieuse d’Espagne car les marais du Bas Guadalquivir (parc national de Doñana) et ses lagunes périphériques (notamment Dehesa Abajo, Brazo del Este) offrent un refuge pour des centaines de milliers d’oiseaux aquatiques tout au long de l’année.
Top 7 des zones humides d’Andalousie pour l’avifaune aquatique : Doñana, Marais de l’Odiel, Baie de Cadix, Fuente de Piedra, Salines del Cerillo, La Janda, Desembocadura del Guadalorce.
Oiseaux d’eau / oiseaux des marais
Une cinquantaine d’espèces sont résidentes et visibles toute l’année à Doñana, et dont les effectifs sont très souvent fortement renforcés pendant la période hivernale.
Ces espèces sont accompagnées d’une quarantaine d’espèces seulement présentes pendant la période hivernale. Doñana se convertit ainsi comme l’un des plus importants « quartier d’hiver » en Europe avec plus de 600 000 oiseaux d’eau et de marais, surtout des canards (40%) et des limicoles (25%).
Ce panorama est completé par cinq espèces strictement estivales et quatre espèces de passage, seulement visibles brièvement pendant la phase migratoire.
Bien sûr, tous les ans, des espèces divagantes et très rares pour ce territoire sont observées par les ornithologues.
Guide français visuel
Nous avons déja publié une liste des oiseaux d’Andalousie (espèces non divagantes), bien pratique pour les ornithologues qui connaissent déjà leurs espèces.
Ci-dessous, nous vous proposons un guide illustré de la centaine d’espèces d’oiseaux aquatiques présentes en Andalousie, représentant un tiers de l’avifaune de cette région.
Découverte
Doñana
guide français
Fuente de Piedra
Ornitho
Costa del Sol
Journée terrain
Guide des oiseaux de Doñana et des zones humides d’Andalousie
Saisonalité
RÉSIDENTE: Présente toute l’année et repoductrice
HIVERNANTE: Saison hivernale (non reproductrice)
ESTIVALE: Présente pendant l’époque de reproduction
TRANS-MIGRANTE: De passage (non reproductrice)
Population estivale, quelques individus hivernants
Petite population résidente, très nombreux hivernants
Risques d’extinction (UICN)
CR – Danger critique
EN – En danger
VU – Vulnérable
NT – Presque menacée
Ardéidés d’Andalousie: hérons et cigognes
Les hérons et aigrettes sont des échassiers de grande taille à la silhouette longiligne, très long cou et bec aussi effilé que robuste : un véritable poignard qui permet aux hérons de chasser à l’affût des poissons, alternant des phases de grande immobilité avec des coups excessivement rapides. La cigogne blanche et le héron garde-boeuf, dont les dimensions du bec diffèrent, sont plus généralistes et s’alimentent en milieu terrestre jusque dans les décharges. Espèces généralement coloniales et sociales arboricoles, occupant des grands arbres de la ripisylve pour former des héronnières (« pajareras ») qui accueillent souvent plusieurs espèces (mixtes) : dortoirs communaux en hiver et colonies de reproduction très denses au printemps. Quant au butor étoilé et au blongios nain, ces grands solitaires affectionnent les roselières. Il est intéressant de remarquer que les espèces les plus sensibles et spécialisées sont souvent migratrices.
Héron cendré
Héron pourpre
Grande aigrette
Aigrette garzette
Héron garde-boeufs
Héron bihoreau
Héron crabier
Blongios nain
Butor étoilé
Cigogne blanche
Cigogne noire
Grands échassiers en espagne : spatules et ibis ; flamants ; Grues
Espèces remarquables emblématiques des zones humides de la péninsule ibérique, de très grandes tailles, grandes longevités et très faciles à reconnaître. La forme du bec indique leur alimentation : bec fouilleur spatulé des spatules, bec fouilleur allongé des ibis, bec filtreur des flamants et bec court, généraliste, des grues. Oiseaux coloniaux qui se déplacent souvent en grandes bandes et dont les sites de reproduction sont très sensibles au dérangement. Spatules blanches et ibis falcinelle rejoignent les héronnières arboricoles mixtes, les ibis ayant connu une extraordinaire expansion dans les marais du Bas Guadalquivir au cours des deux dernières décades. Les flamants roses ne se reproduisent qu’ocasionnellement à Doñana, la grande colonie espagnole étant localisé à Fuente de Piedras. Tout est extraordinaire chez cette espèce, notamment sa coloration spectaculaire. Les flamants forment des couples pour la vie, contruisent des nids de boue en forme de coupe surelevés au milieu d’un plan d’eau peu profond, pondent un seul oeuf par an, et élèvent les jeunes dans des crèches communales. Quant aux grues cendrées, elles ne passent que l’hiver en Andalousie, dormant les pieds dans l’eau, mais s’alimentant sur les zones terrestres.
Spatule blanche
Ibis falcinelle
Flamant rose
Grue cendrée
Poules d’eau, foulques et râles des marais de Doñana
Les rallidés sont emparentés avec les grues même si leur taille moyenne et courtes pattes les classent dans une famille à part. Ces espèces résidentes et solitaires affectionnent particulièrement la végétation émergente peri-lagunaire des marais de Doñana où elles se déplacent efficacement à l’aide de pattes dotés de très longs doigts. A la différence des râles et poules d’eau, les foulques possèdent des pattes palmées qui en font d’excellents nageurs. Les marouettes et râles sont extrêment discrets… au contraire de la splendide Talève sultane aux colorations de porphyre. Cette dernière est unique dans la faune européenne, arrachant d’un coup de bec puissant les jeunes pousses de phragmites, qu’elle manipule ensuite de ses long doigts (comme une authentique main). Avec les canards et oies, ce sont les seules espèces d’oiseaux des zones humides au régime alimentaire fondamentalement herbivore, circonstance qui facilite leur présence tout au long de l’année.
Poule d’eau
Foulque macroule
Foulque caronculé
Talève sultane
Râle d’eau
Marouette ponctuée
Grèbes ; cormoran : inlassables plongeurs des lagunes
Ces oiseaux, dont la silhouette rapelle quelque peu celle des canards, affectionnent nager et plonger à longueur de journée sur les plans d’eau permanente. Espèces piscivores qui trouvent des proies tout au long de l’année. Les grèbes, de taille moyenne, sont solitaires alors que les cormorans, de grande taille, sont des oiseaux sociaux et coloniaux. Ils rejoignent souvent les héronnières pour se reposer, tout en restant quelque peu à distance du dortoir des ardéidés, et ont récemment commencer à se reproduire dans le sud de l’Espagne ; leurs effectifs augmentent considérablement pendant hiver.
Grèbe castagneux
Grèbe huppé
Grèbe à cou noir
Grand cormoran
Oies et canards des zones humides méditerranéennes
Les canards sont les oiseaux d’eau par excellence qui passent de nombreuses heures au milieu des lagunes pour se protéger des prédateurs et ainsi se reposer ou bien s’alimenter. De nombreuses espèces sont migratrices et en général comptent d’importants effectifs qui hivernent dans les grandes zones humides non gelées du sud de l’Europe. Doñana est célèbre pour son quartier d’hiver d’oies cendrées qui accueillait la quasi-totalité de la population européenne jusque dans les années 80. Les espèces résidentes sur le bassin méditerrannéns et l’Andalousie sont généralement menacées et comptent des populations très faibles : comme tous les nicheurs, elles sont sensibles à la destruction des habitats et à la prédation. Les canards mâles sont le plus souvent très colorés alors que les femelles possèdent un plumage discret et cryptique. Comme les couples se formant en hiver, il est fréquent d’observer les deux sexes ensemble par paires, ou encore des mâles insistants à la recherche d’une partenaire. Les oies broutent les prairies qui jouxtent les lagunes, alors que de nombreux canards prennent une posture de bouchon de pêche pour filtrer l’eau et les sédiments. Les espèces plus menacées sont généralement des canards plongeurs qui recherchent la végétation aquatique croissant dans la colonne d’eau ou au fond de la lagune.
Oie cendrée
Canard col-vert
Canard souchet
Canard pilet
Sarcelle d’hiver
Canard siffleur
Canard chipeau
Fuligule milouin
Nette rousse
Tadorne de Belon
Fuligule morillon
Sarcelle d’été
Érismature à tête blanche
Sarcelle marbrée
Fuligule nyroca
Limicoles de Doñana : 28 petits échassiers fréquents dans les vasières
Les limicoles forment un grand groupe d’espèces assez homogènes qui s’alimentent de préférence sur les vasières et autres zones limoneuses. La plupart de ces espèces sont présentes pendant la période hivernale et/ou de migration entre les côtes ouest-africaines, où elles hivernent, et le grand nord de l’Europe de l’ouest, où elles se reproduisent. On peut distinguer des échassiers de plus grande taille (échasse, avocette, barges, courlis), de taille moyenne (chevaliers, vanneau, bécassines) et de petite taille (bécasseaus, gravelots). Comment de nombreuses espèces similaires coexistent elles et s’alimentent ensemble sur les vasières? … beau sujet qui illustre à merveille le concept de niche écologique. Il suffit d’observer la forme et la taille (longueur et épaisseur) des becs qui leur permettent d’accéder à des ressources alimentaires (vers de vase, bivalves) dans des strates différenciées de vase. Et voilà! Ces différences morphologiques nous aident également à identifier ces oiseaux sur le terrain. Il est important de forger l’oeil sur une espèce de référence (chevalier gambette pour les chavaliers, bécasseau variable pour les bécasseaux, etc.) qui permet de comparer avec les individus qui ne correspondent pas avec ce type. Les limicoles de Doñana résidents (échasses, avocettes, gravelots) et estivaux (glaréoles) ont tendance à former des petites colonies peu denses, pondant à même le sol sur des terrains surélevés formant des petites îles (« veta », « pacil », « isla ») au beau milieu des marais.
Échasse blanche
Avocette élégante
Barge à queue noire
Barge rousse
Courlis cendré
Courlis corlieu
Chevalier gambette
Chevalier arlequin
Chevalier cul-blanc
Chevalier sylvain
Chevalier aboyeur
Chevalier stagnatile
Chevalier combattant
Bécasseau variable
Bécasseau minute
Bécasseau cocorli
Bécasseau maubèche
Bécasseau de Temminck
Vanneau huppé
Chevalier guignette
Pluvier doré
Grand gravelot
Petit gravelot
Gravelot à collier interrompu
Bécassine des marais
Bécassine sourde
Glaréole à collier
Guifettes, mouettes et goélands des lagunes litorales mediterranéennes
Si bien les mouettes et goélands sont le plus souvent des espèces littorales (sans en faire des oiseaux marins), il est très fréquent de les observer dans les marais littoraux, et les plus généralistes d’entre elles sont même capables de coloniser les lagunes à l’intérieur des terres ou de s’alimenter dans les décharges. Quant aux guifettes et sternes, elles sont plus inféodées aux zones humides d’eau douce. Espèces nichant à même le sol et présentes en nombre, formant des colonies souvent peu stables. À l’exception des espèces généralistes, ces oiseaux pratiquent un « affût en vol », suivi d’un piqué-plongé, et s’alimentent principalement des petits vertébrés de la colonne d’eau. Oiseaux à très grande mobilité : seuls la moutte rieuse et le goéland leucophée sont véritablement résidents, les autres espèces étant à part égale hivernales ou estivales, avec des effectifs très importants pendant les migrations.
Guifette moustac
Guifette noire
Sterne hansel
Sterne caspienne
Sterne naine
Sterne pierregarin
Mouette rieuse
Goéland railleur
Goéland d’Audoin
Mouette pygmée
Goéland brun
Goéland leucophée
Oiseaux des zones humides : Rapaces ; martin-pêcheurs et hirondelles
Groupe d’oiseaux hétéroclites et singuliers fréquentant les zones humides.
Balbuzard pêcheur
Busard des roseaux
Hibou des marais
Martin-pêcheur
Hirondelle rustique
Hirondelle de rivage
Passereaux des zones humides d’Andalousie
Les passereaux des zones humides colonisent la végétation des ceintures péri-lagunaires. Celle-ci varie énormément en fonction de l’hygrométrie du sol, créant un gradient de structure de la végétation autour des lagunes, et favorisant ainsi la diversité de l’avifaune. ♦ Le gorgebleue, espèce la plus aquatique, inspectionne le sol gorgée d’eau entre la végétation émergente (plantes hélophytes). ♦ Les espèces palustres colonisent les patchs de végétation émergente (roseaux, scirpes) dont le sol est le plus fréquemment couvert d’eau. ♦ Des espèces des milieux ouverts plus ou moins humides (prairies) se concentrent souvent dans les zones humides ou leur périphérie (surtout en hiver), même si elles n’y sont pas strictement inféodées. ♦ Les espèces riveraines sont typiques des forêts galerie et coexistent avec des espèces forestières plus généralistes. Ce dernier groupe est également très présent dans la ripisylve des principales rivières de plaine. Les passereaux des roselières sont principalement insectivores, circonstance conditionnant la forme allongée de leur bec et leur présence estivale ou pendant la phase migratoire. Quant aux espèces résidentes et hivernantes, elles sont capables de rechercher leur aliments en fouillant le sol -qui ne gèle pas à ces latitudes- (pipits, bergeronettes), tout au moins pendant l’hiver (bouscarle, cisticole), ou sont granivores (bruant roseaux, rémiz).
Gorgebleue à miroir
Rousserolle effarvatte
Rousserolle turdoïde
Phragmite des joncs
Locustelle luscinioïde
Bruant des roseaux
Bergeronnette grise
Berg. printanière
Berg. des ruisseaux
Pipit farlouse
Pipit spioncelle
Pipit rousseline
Cisticole des joncs
Bouscarle de Cetti
Rossignol philomèle
Rémiz penduline
Hypolaïs obscure
Oiseaux littoraux
Espèces inféodées à la zone littorale, sans être pour autant des oiseaux marins pélagiques ou des oiseaux des marais. Ajoût à cette liste puisque les zones humides les plus importantes d’Andalousie sont littorales. Il sera également aisé d’observer les mouettes et goélands (en particulier le goéland d’Audoin) sur les plages de Doñana.
Huitrier pie
Pluvier argenté
Tournepierre à collier
Sterne caugek
Oiseaux steppiques des marais salants de Doñana
Doñana est archi célèbre pour être une zone humide d’importance internationale. Néanmoins, une bonne partie des marais n’est inondée que quelques semaines pendant l’année, formant des marais salants secs (« marismas secas ») qui abritent des oiseaux spécialistes des conditions arides. Parmi ces oiseaux steppiques, quelques espèces sont typiques de Doñana et méritent de figurer sur cette liste.