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La vie dans les mares temporaires méditerranéennes

Les mares temporaires méditerranéennes, habitat d’intérêt prioritaire en Europe, sont des zones humides de petite taille s’asséchant au cours du printemps. Sièges d’une véritable explosion de vie et d’espèces… où prospèrent algues, zooplancton, branchiopodes, insectes aquatiques, amphibiens, libellules, fougères aquatiques et autres plantes émergentes. Il est vraiment difficile de dénicher un habitat plus riche en biodiversité.

Superficie et profondeur de la masse d’eau, température de la colonne d’eau et concentrations en oxygène et sels minéraux sont autant de facteurs qui varient plus ou moins en synergie avec la durée d’inondation. Ajoutons la géologie du sol (qui peut être très salé) et la pluviométrie de l’année pour créer une incroyable variabilité de conditions écologiques.  Les mares temporaires passent ainsi par plusieurs phases depuis leur inondation jusqu’à leur assèchement (succession écologique).

Les faunes et flores les plus spécialisées, et souvent menacées, nécessitent une période d’assèchement des mares avant d’éclore l’hiver suivant.

Triops en charcas de Andalucía
fougère aquatique Marsilea
Pelodytes amphibien espagne
Alisma plantago-aquatica
Charophytes

Étape 1: la mise en eau hivernale

Étape 1. Après des pluies prolongées tout au long de l’hiver, des dépressions terrestres sont progressivement chargées en eau et forment des mares, voire même des lagunes, en fonction de la taille du bassin versant.

Ces masses d’eau occupent des terrains herbeux à la végétation terrestre le plus souvent clairsemée, des trous creusés pour le bétail, bas-fonds de champs, fossés de drainage de lagunes non protégées, ornières en bordure de chemin, carrières abandonnées, ou même des cuvettes sur des blocs de granite (‘marmites’).

Bien qu’elle passe complètement inaperçue en période sèche, une banque de graines de plantes aquatiques et d’œufs de branchiopodes n’attend que les conditions propices pour émerger.

Année typique: Décembre – Janvier.

Étape 2:Après quelques jours d’inondation…

Étape 2: À ce stade, ces masses d’eau sont peu minéralisée, se refroidissant pendant la nuit et dépourvues de végétation et de vie animale.

Et pourtant… Après quelques jours d’inondation seulement, les œufs des branchiopodes éclosent en grand nombre et les larves se développent massivement se nourrissant d’algues et de débris organiques.

Peu après, apparaissent des petites planaires. Enfin, les premiers insectes ailés adultes (des coléoptères et punaises aquatiques) et les amphibiens colonisent les mares et entament un cycle de reproduction. Les espèces les plus précoces et infeodées aux mares temporaires sont les Pélodytes (Pélodyte ibericus) et Crapauds calamite (Bufo calamita).

Année typique: Janvier – Février.

Etape 3:l’explosion de vie

Étape 3: Période très variable en fonction de facteurs tels que le volume d’eau, les conditions physico-chimiques et le régime de précipitations. De fortes pluies ramènent la mare au stade antérieur alors que des fortes températures accélèrent son évolution.

Les amphibiens finissent de coloniser les mares, en particulier les Rainettes méridonales (Hyla meridionalis) et Pleurodèles (Pleurodles waltl) sont abondants en condition plus profondes. La plupart des branchiopodes sont adultes, les espèces typiques d’eau profonde et salins se développant plus tardivement.

Dans les mares peu profondes, l’eau se réchauffe, sans se refroidir autant durant la nuit. Une véritable explosion de vie remplit les étangs d’organismes: les plantes aquatiques ont poussé vigoureusement, une nouvelle génération de larves d’insectes prédateurs et de têtards est devenue très abondante. Des fougères aquatiques (Marsilea, Isoetes) se dévelopent sur les sols humides en bordure de lagune.

Des oiseaux aquatiques visitent fréquemment les zones humides. Les cigognes, hérons garde-boeufs  et aigrettes prédatent des proies abondantes, surtout des larves d’amphibiens et Triops.

Année typique: Février – Mars.

Etape 4: Les premières chaleurs

Étape 4: La mare a passé son apogée et commence à se dessécher… niveau d’eau en sensible baisse, température chaude, et signes d’eutrophisation.

Les branchiopodes sont devenus très rares ne supportant pas les fortes températures ou la prédation. Néanmoins quelques individus survivent et atteignent des fortes tailles. Par contre, la croissance des autres organismes aquatiques est accélerée.

Les insectes aquatiques et les amphibiens se sont métamorphosés en grand nombre, les plantes ont achevé leur cycle de vie. Les libellules ont généralement besoin d’inondation prolongées. De nouvelles pluies pourraient prolonger cette étape mais la fin d’une saison est déjà perceptible.

Année typique: Mars – Avril.

Etape 5: l’étiage et la fin (temporaire) de la mare

Étape 5: la mare finit par s’assécher. Dans un premier temps l’humidité persistente dans le sol favorise une végétation herbacée dense (différent dans les sols salés). Des animaux domestiques profitent souvent de cette manne d’herbes alors que les environs sont déjá fânés. Rapidement, l’aridité gagne du terrain et le sol redevient aride et cache ses richesses … jusqu’aux prochaines pluies.

Année typique: Fin Avril jusqu’à Mai (années pluvieuses ; lagunes de grande taille).

Hyla meridionalis
Pleurodeles waltl
Triturus pygmaeus
L'anostracé Branchipus schaefferi (Branchiopoda Anostraca)

Branchipe des flaques (Branchipus schaefferi)

Grands branquiopodes (Branchiopoda)

Combien de temps les œufs peuvent-ils durer dans le substrat?

Quelle est la préférence des espèces en fonction de la profondeur de la colonne d’eau et de la salinité?

Pourquoi y a-t-il une coloration particulièrement vive sur l’abdomen des femelles?

Combien d’espèces peuvent vivre dans la même mare?

Comment ces espèces colonisent-elles de nouveaux plans d’eau, par voie aérienne et terrestre?