Les orchidées sauvages d’Andalousie

Les orchidées constituent une famille botanique très diversifiée, essentiellement représentée sous les tropiques. Leur présence dans la flore europénne passe souvent inaperçue… et pourtant, leurs fleurs tellement photogéniques provoquent les passions.

La plupart des espèces fleurissent pendant la courte période du printemps, synonyme de la belle saison et des moments les plus agréables pour découvir la biodiversité d’une région.

Petits miracles de la nature, ces plantes demandent des conditions environnementales précises (pH, humidité) et dépendent d’une collaboration obligatoire avec des champignons (pour les micorrhizes), des insectes (pour la pollinisation) et des mammifères herbivores (pour maintenir les milieux ouverts).

Les orchidées : des « divas » méconnues

Plantes à fleurs méditerranéennes

Mimétisme et ‘tromperie sexuelle’

Des hybrides naturels fréquents

Groupe des Ophrys… les orquidées abeille

Des plantes extravagantes aux formes uniques… dont le label (pétale inférieur de grande taille) imite par sa forme et texture un insecte. La ‘tromperie sexuelle’ est tellement efficace que la fleur « a abandonné » la récompense de nectar (absence de tube nectarifère).

Genres d’orchidées avec peu d’espèces

Un petit groupe d’espèces assez différentes et faciles à identifier sur le terrain. Notons la Néottie Nid d’oiseau, espèce non chlorophyllienne (absence de feuilles) parasite et entièrement dépendante de ses micorrhizes.

Groupe des Orchis (+ Anacamptis, Gymnadenia et Neotinea)

Un grand groupe d’espèces souvent similaires dont la génétique a récemment boulversé la compréhension. La situation actuelle est peu intuitive puisque dans la classification actuelle, des espèces appartenant à des genres voisins sont parfois plus semblables entre elles qu’à l’intérieur de leur propre genre (!).

Groupe des Dactylorhiza

Groupe ressemblant aux Orchis. Les deux genres se distinguent le plus facilement par la morphologie de leur tubercule, avec des formes digitées chez les Dactylorhiza (comme indique le nom scientifique). Genre de distribution nettement  septentrionale, aimant la fraîcheur des prairies humides et bords de cours d’eau, et inféodées aux zones montagneuses dans le sud de la péninsule ibérique.

Groupe des Serapias

Genre très singulier d’orchidées dont la morphologie et la couleur du label rapellent une langue (!) particulièrement visible et attractive, tout au moins pour les coléoptères et autres visiteurs. Le reste de la corolle forme un petit tunnel qui sert d’abri nocturne aux insectes, dont les visites régulières assurent ainsi la polinisation. Une stratégie peu banale! Moins connu que chez les Ophrys, certaines espèces (Serapias lingua) ont également développé des fragances typique de la « tromperie sexuelle ».

Espèces à fleurs vertes

Un petit groupe d’espèces remarquables ayant abandonné les colorations florales vives pour maximiser les parties chlorophylliennes. Cette adaptation est apparût plusieurs fois au cours de l’évolution et dans des genres différents, situation que seule que la génétique a permit d’identifier récemment.

Groupe des céphalanthères et épipactis

Espèces le plus souvent forestières contrairement à la plupart des orchidées d’Europe. Les épipactis forment un groupe très complexe. Des espèces antériorement citées en Andalousie, E. kleinii, E. cardina, E. lusitanica ou E. fageticola n’ont pas été retenues par Kühn et al. (2019). Néanmoins ces espèces sont reconnues dans Flora Ibérica et les spécialistes auront à coeur de les étudier.

Orchidées d’Andalousie… une liste à jamais insatisfaisante

La systématique et la nomenclature des orchidées d’Europe sont tellement complexes qu’il est virtuellement impossible de trouver deux ouvrages où coincident les même noms d’espèces… Nous suivons ici le récent guide de référence des orchidées d’Europe et de Méditerranée: Kuhn, Pedersen, Cribb (2019). Field Guide to the Orchids of Europe and the Mediterranean. Kew Royal Botanical Graden. Choix qui privilégie de reconnaître un nombre plus réduit d’espèces et de sous-espèces que la plupart des auteurs spécialisés… et qui, implacablement, ne satisfera pas les adeptes férus de ‘fixer’ les variations observées dans la nature.

Indiquons les principaux problèmes à résoudre pour la taxonomie des orchidées : l’existence d’une grande variabilité morphologique florale dans certaines « espèces » ; des populations clonales qui biaisent notre perception de la morphologie d’un groupe d’individus qui paraissent différenciés ; le problème insoluble de savoir comment interprêter l’existence de sous espèces sympatriques ; l’absence de séquençage génétique pour de nombreux taxons (en particulier les variations locales promues au rang d’espèces) ; la possibilité que chaque association d’Ophrys avec différents insectes polinisateurs induit une micro-spéciation.

Pour l’Andalousie, les taxons offrant le plus sujets à débat sont les aggrégats d’Ophrys fusca, Orchis morio et le genre Epipactis.